Glenn Rolland, l'open-source dans la peau

Simplifier et démocratiser l'accès aux logiciels libres en promouvant leurs avantages auprès des porteurs de projets et des PME : voici l'idée derrière FirstBrick, un projet actuellement en recherche de financements sur KissKissBankBank. Derrière cette initiaitve se trouve la société Gnuside, qui revendique beaucoup de la philosophie du libre et du 100% open source. Interview avec Glenn Rolland autour de FirstBrick et du futur de l'open source.

Le libre, c'est une philosophie ?

Le libre, je suis tombé dedans à 17 ans en lisant un article : "Du partage de la connaissance au partage des logiciels" avec du Richard Stallman dedans. À l'époque, dès que tu voulais partager quelque chose dans le logiciel, on te disait que ça n'était pas bien. Mais en fait, l'inverse m'est rapidement apparu être une évidence philosophique.

Libre et Open Source : deux expressions pour dire la même chose ?

Il y a une querelle sur les mots, mais ce n'est pas important.

Quel est le futur du libre selon toi ?

Les dix dernières années ont été fascinantes pour l'open source. Au début des années 2000, c'était encore une pratique sous le manteau. A l'époque, on était dans l'évangélisation (ce n'est pas un hasard si c'est devenu une fonction). En 2004, j'ai fait mes premières armes en distribuant des cartons de CD Ubuntu, c'était bien pour draguer. On est passé du confidentiel au grand public. Aujourd'hui Firefox, Chrome sont devenus grand public. Facebook, Twitter, Google favorisent le libre parce que l'ouverture, c'est tendance.

Aujourd'hui, t'es libre ou t'es mort.

Le libre a-t-il des limites ?

Le libre, c'est l'humain. Les limites du libre, c'est les limites de l'être humain et de sa volonté de faire et de partager. Quand tu es en nombre, tu n'avances pas forcément vite mais tu avances loin.

Pourquoi lancer FirstBrick ?

Nous avons fait le constat qu'au moment de démarrer une activité, la plupart des porteurs de projets se tournent généralement vers un seul fournisseur de logiciels propriétaires et se trouvent ensuite coincés. Les logiciels libres présentent de nombreux avantages mais ont l'inconvénient d'être disséminés. Avec FirstBrick, nous réunissons le meilleur du libre dans un serveur fiable, clé-en-main et à faible consommation d'énergie. Tout cela pour faciliter la vie des petites entreprises et des porteurs de projets.

L'idée, c'est d'être la Box logiciels de la PME : tu te branches une fois et ensuite ça marche tout seul.

Ce qu'on propose également, c'est de reprendre la main sur ses données. Beaucoup d'entreprises reposent sur Google, mais ses services sont en beta perpétuelle, et on ne sait pas où sont stockées les données.

Le libre se limite-t-il au logiciel ?

Depuis ces 10 dernières années, on est passé du monde du logiciel au monde de l'Internet grand public. De plus en plus de modèles s'appuient sur le logiciel libre. A l'avenir, tous les logiciels qui nous entourent seront open source. Le libre va également traduire une re-responsabilisation des gens : en reprenant le contrôle, on va se responsabiliser. C'est aujourd'hui devenu une alternative crédible.

Nous, OuiShare, Gnuside, et les autres, nous rendons crédibles les approches ouvertes.

À quoi faut-il se préparer ?

Les gens vont regagner du pouvoir… On s'y prépare en tout cas : ShareLex s'implique sur ces questions, le business bancaire va être remplacé par le crowdfunding. Quant à la consommation collaborative, elle repose en grande partie sur la dématérialisation. Or l'immatériel sera open source.

Vers des plateformes de consommation collaborative open source ?

Le propriétaire reste aujourd'hui la norme car il dispose de beaucoup de moyens…. Le libre peut s'imposer sauf quand des investisseurs mettent beaucoup d'argent. Mon intuition est qu'on va arriver à un équilibre. A un moment donné, on va atteindre un même niveau de compétences du côté du libre et du propriétaire. Du coup, ce qui va faire la différence, ce sont les valeurs derrière le produit, l'histoire qui est racontée. C'est là que le libre va réellement décoller. Sans compter que l'approche libriste est plus à même de s'adapter aux attentes des utilisateurs. Le libre est plus proche des gens. Merci Glenn, et n'hésitez pas à soutenir le projet FirstBrick sur Kisskissbankbank ! Crédit image CC Natalie Ortiz